Définition de CORNU, UE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : kor-nu, nue

DÉFINITIONS

1
Qui a des cornes. Les diables cornus. Front cornu.
Un animal cornu blessa de quelque coups Le lion, qui, plein de courroux....
2
Qui a des coins ou angles saillants. Un pain cornu. Une pièce de terre cornue.
Du fond de cet antre pierreux, Entre deux montagnes cornues
Sémantique : Terme de logique. Argument cornu, sorte d'argument.
On donnait le nom de cornu à cet argument-ci : Vous avez ce que vous n'avez pas perdu ; or vous n'avez pas perdu des cornes ; donc vous avez des cornes
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Hist. anc. III, 18
On appelait aussi de ce nom le dilemme, parce qu'il frappe de deux côtés (argumentum cornutum utrinque jeriens)
3
Sémantique : Fig. Lièvres cornus, idées folles, extravagantes, ainsi dites parce que les lièvres n'ont pas de cornes.
Et de lièvres cornus le cerveau [ils] nous barbouillent
Raisons cornues, raisonnements cornus, raisons bizarres, étranges.
Tous vos beaux arguments cornus Pour me persuader de vivre Et pour m'obliger à vous suivre, N'étaient donc que pour m'attraper
Visions cornues, idées folles, extravagantes.
Peut-être sans raison Me suis-je en tête mis ces visions cornues
J'aime mieux.... Que d'aller follement, égaré dans les nues, Me lasser à chercher des visions cornues
4
Sémantique : Terme de botanique. Dont le style ou les anthères sont en forme de corne.
Blé cornu, blé affecté de l'ergot.
5
Sémantique : Terme de vétérinaire. Cheval cornu, jument cornue, animal chez lequel la hanche, très prononcée, forme une forte saillie, défaut dû, soit à une conformation vicieuse, soit simplement à la maigreur.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Tuit sont cornu et noir comme aversier [diables]
dans Bataille d'Aleschans, V. 126
Nous verrons le fort escu [de] Maistre Gautier le cornu
de HUES DE LA FERTÉ dans Romancero, p. 190
2
XIIIe s.
Li abes prent une maçue, Qui moult estoit grant et cornue, Et le prieur un chandelier
dans Ren. 6954
Jamès bues [boeuf] sa teste cornue Ne metroit à jou de charrue
dans la Rose, 18005
Qui il ataint à coup, contre terre le rue Del son bordon ferré, si que forment i sue ; Et les dames lor gietent mainte pierre cornue
dans Ch. d'Ant. VIII, 1138
En mi le front [la bête] estoit cornue D'une corne si très ague....
dans Unicorne et serpent
3
XIVe s.
Par Mahon, dist Madoines, je vous voi bien cornu
dans Baud. de Seb. XIII, 636
Tu sais que li deable, qui sont noir et cornu, Pour orguel trebuchierent dès li ciel en enfer
dans Girart de Ross. V. 2120
4
XVe s.
Je fu l'autrier [dernièrement] trop mal venuz, Quant j'alay pour voir Calais ; J'entray dedans comme cornus [comme un sot] Sans congié [permission] ; lors vint deux anglois....
de Eustache DESCHAMPS dans Poésies mss. f° 230
5
XVIe s.
Les rabbins des Juifs font une glose cornue sur ce passage
de Jean CALVIN dans 288
Voilà donc la couleur qu'a eu le Pape et tous ses evesques cornus, de charger les consciences de nouvelles loix
Rochers cornuz
C'est signe que la pierre [dans la vessie] est petite et cornue, ou espineuse, c'est à dire avec asperités
de Ambroise PARÉ dans XV, 37
Les chevres escornées de nature, ne sont tant sujettes à avorter que les cornues
de Olivier DE SERRES dans 329
Fust-il plus diable qu'il n'est cornu
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. cornut ; espagn. cornudo ; ital. cornuto ; du latin cornutus, de cornu (voy. CORNE).

Termes proches de CORNU, UE